Le secret pour acquérir de la vitesse sur le piano

Dans cette vidéo, Edna Golandsky explique quel est le secret pour acquérir de la vitesse sur le piano selon l’approche Taubman.

Nous pouvons considérer deux types de vitesse de jeu:

  • La vitesse avec laquelle les doigts font descendre les touches (verticale).
  • La vitesse avec laquelle le bras se déplace de touche en touche (horizontale).

Normalement, le développement de la vitesse au piano est associé par erreur à l’habileté de descendre les doigts rapidement sur les touches.

En l’absence d’explications, cela peut être contre-intuitif car il semble logique que pour jouer plus vite, on doit aussi bouger les doigts plus rapidement.

vitesse sur le piano

Photo: Winnie Liu

Il est donc intéressant de comprendre que si on descend la touche trop rapidement, on va obtenir un effet de rebond, dans lequel la touche nous renvoie l’impact avec une force égale. Ce rebond détruit le legato entre les doigts et rend impossible l’obtention de vitesse. En descendant les doigts rapidement, nous pouvons avoir la fausse impression que nous jouons plus vite, mais en réalité nous créons, sans le savoir, une barrière de vitesse. Donc, plus on descend les doigts rapidement, plus il devient difficile de prendre de la vitesse au piano.

Je dois souligner que ces deux vitesses doivent être parfaitement synchronisées, sinon le bras et les doigts se déplacent indépendamment les uns des autres. Lorsque les doigts et le bras se déplacent uniformément, les vitesses horizontale et verticale sont synchronisées, permettant que les doigts descendent avec l’appui du bras derrière chaque note.

Dorothy Taubman (1988) fait allusion à ce sujet dans son texte intitulé «A teacher’s perspective on musicians’ injuries» dont je souhaite citer le passage suivant:

«Il y a aussi la question de la vitesse. Les exercices sont assignés pour développer la force dans les muscles des doigts afin qu’ils puissent se déplacer rapidement. Le jeu rapide dans les touches produit des sons puissants, mais pas des tempos plus rapides. Au contraire. La recherche d’ Ortmann en utilisant des caméras à grande vitesse a montré qu’une action de doigt rapide sur les touches ralentit effectivement le tempo. Le doigt frappant avec force contre la touche rebondit de la touche plusieurs fois avant que la touche ne soit complètement enfoncée. Le pianiste se demande pourquoi la vitesse ne vient pas, même si il travaille dur pour bouger ses doigts aussi rapidement que possible.

Il est donc clair que si l’on doit éviter le rebond, il doit y avoir une limite à la vitesse du doigt. Vous pourriez être surpris de voir combien beaucoup moins de vitesse du doigt est nécessaire pour jouer à haute vélocité. Ce qui a fait défaut jusqu’ici est que le tempo d’un morceau vient de la vitesse horizontale, le mouvement de touche en touche, pas la vitesse verticale.

Le mouvement horizontal est produit par les mouvements des bras qui emmènent les doigts sur le clavier. Le bras peut faire ceci facilement et à des vitesses élevées. La distance que le doigt doit parcourir pour enfoncer une touche est si petite qu’avec la vitesse horizontale, cela ne gêne pas du tout lorsqu’il se déplace un peu plus lentement. Rappelez-vous que les pianistes peuvent jouer vite et en douceur en même temps, et que la touche doit descendre plus lentement pour jouer doucement.

S’entraîner à améliorer la vitesse de ses doigts est un exemple de l’approche de gymnastique qui surmène toujours les doigts, créant des mouvements spasmodiques et un sautillement qui interfèrent avec la participation du bras. Le résultat malheureux de cela est le risque de blessure pour les doigts et les mains de par l’action inutilement forcée du doigt. Un autre sous-produit des doigts rapides est un jeu avec des notes à peine jouées ou manquées. Le pianiste n’a pas vraiment manqué la touche, mais a été projeté par elle. Cela lui fait manquer la touche complètement, frapper la touche suivante ou jouer les deux touches simultanément. Tout se passe si vite que le pianiste ne se rend pas compte que le contact initial a été fait avec la bonne touche.

Si nous ne pouvons pas utiliser beaucoup de vitesse de doigt dans la touche, comment pouvons-nous obtenir de la puissance? Pour commencer, les doigts eux-mêmes sont petits et légers; leurs muscles ne sont pas équipés pour utiliser la force. Le poids du bras, cependant, est tel qu’il peut facilement transmettre la puissance dans les touches sans être projeté comme le sont les doigts». (p.147-148)

(S’il vous plaît activez les sous-titres en français s’ils ne sont pas affichés par défaut).

Références :

Golandsky E. The Golandsky Institute. (2008). « Playing with Speed an excerpt from the Taubman 10 DVD Series ». From: https://youtu.be/16LNzkafBWw

Taubman D. (1988). “A teacher’s perspective on musicians’ injuries”, in Roehmann F. L., Wilson F.R., (editors) “The Biology of Music Making”,: MMB Music, pp. 144-153, (St. Louis, 1988).

 

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